Au n° 16 de la rue du Moulin-Berson habitait au XXe siècle une figure pittoresque du quartier : Robert Mauquest (1906-1993). Cet homme collectionnait les timbres. Pas spécialement les timbres de collection, n’importe quel timbre-poste faisait l’affaire. Tous les habitants du coin connaissaient sa marotte et décollaient proprement leurs timbres à son intention. Quand la pile s’étoffait, mission était confiée aux gamins de les lui porter. Quelle fête alors ! Ils adoraient pointer leur nez dans son garage où régnait un fatras philatélique et repartaient, ravis, avec une friandise.
Que faisait notre homme de tous ces timbres ? Des « objets ar-tis-ti-ques », des fleurs, des buissons, des rosiers. Sur une structure en fil de laiton, il enroulait les timbres, les découpait, formant des pétales, des feuilles…

Tous les week-ends, Robert accrochait devant chez lui une petite pancarte, toute blanche avec un point d’interrogation et une flèche dirigée vers son garage. Elle s’accompagnait d’un écriteau :

« Promeneurs qui passez
Sans rien voir
Arrêtez-vous, entrez
Et regardez ce que vous
Ne verrez nulle part »

Intrigués, les curieux entraient et pénétraient dans son garage où étaient stockées de pleines caisses de timbres et ses œuvres. C’est qu’il lui en fallait des timbres ! 300 pour une simple fleur, 32 000 pour une grande pièce tel ce rosier grandeur nature qui lui a valu la médaille d’or au concours Lépine en 1933, catégorie « Sculpture ». Après un passage à la télé sur TF1 en 1980, il a reçu des colis remplis de timbres en provenance du monde entier. Pour voir des œuvres de Robert Mauquest, rendez-vous dans la maison du Combattant (place Henri-Dunant) où trône le fameux rosier du concours Lépine, ou au musée de la Poste, à Paris.