VITRAIL DE L'ÎLE BRISE-PAIN
Les promeneurs s’arrêtent dubitatifs devant le vitrail du 7 de l’allée Centrale et s’interrogent : Une chapelle ? Un établissement religieux ? Un béguinage… Mais ce n’est rien de tout ça. Et c’est encore bien plus étonnant !
Quelques jours après l’installation de ce vitrail, en juin 1982, Madeleine Jurgens, l’historienne-archiviste bien connue des cristoliens, s’immobilise en passant devant la maison en construction et reste un moment sans voix (ce qui lui était fort inhabituel). Elle vient de reconnaître le vitrail sous lequel elle avait fait sa première communion, un demi siècle plus tôt, à l’école religieuse de ses jeunes années parisiennes. Une école située impasse des Deux Anges, dans le sixième arrondissement. Le vitrail, réalisé en 1901, comme en attestait la date gravée sur son embase, met en scène Marie et Joseph présentant Jésus aux docteurs de la Loi.
L’établissement religieux sera rasé en mai 1968, sans lien apparent avec les évènements de l’époque. Il s’agissait, en fait, de permettre l’agrandissement de la faculté de médecine voisine. L’ouvrier en charge de la récupération du vitrail se souvenait avoir dû conserver, en permanence sur le chantier, un jerrycan d’essence pour être assuré de rentrer chez lui chaque soir. L’essence était une denrée rare en mai 68, et les réservoirs des véhicules très fréquemment siphonnés !…
Le démolisseur – une entreprise basée à Yerres – conservera le vitrail pendant 14 ans, sans parvenir à le vendre, puis s’en débarrassera en le cédant pour 6.000 francs. C’est ainsi qu’il finit par aboutir sur l’île Brisepain. Il y servira de jonction entre la petite maison et son extension en cours d’achèvement *.
Étrange destin que celui de ce vitrail construit à la Belle Époque, démonté en mai 68, puis réapparu sur nos îles aux flonflons de la première édition de la fête de la musique…